La Planète 9 aurait-elle déjà été observée ?

Une équipe internationale annonce fin avril 2025 avoir découvert une potentielle planète au-delà de Neptune dans les données des satellites infrarouges IRAS et AKARI. A-t-on enfin mis la main sur la mystérieuse « Planète 9 » ?

Les astronomes ont peut-être trouvé une nouvelle planète dans leurs cartons… En avril 2025, en fouillant dans les archives de satellites infrarouges, Terry Long Phan et ses collègues ont déniché une pépite. Rien de moins qu’une potentielle planète, bien plus éloignée du Soleil que Neptune !

Située à 700 fois la distance Terre-Soleil (700 UA), elle aurait été observée par deux fois à 23 ans d’intervalle. La première fois par IRAS (Infrared Astronomical Satellite), un satellite conçu par la Nasa, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, qui a cartographié le ciel en infrarouge pendant dix mois en 1983. Et la seconde par AKARI, lancé par le Japon en 2006 et qui a sondé le ciel dans l’infrarouge pendant cinq ans. C’est en comparant les données des deux satellites, à la recherche d’objets au déplacement très lent, que l’équipe a identifié leur suspecte.

Une suspecte célèbre

Serait-ce la fameuse « Planète 9 » qui tient en haleine les astronomes du monde entier depuis plus d’une décennie ? La présence de cette planète hypothétique a été imaginée en 2016 pour expliquer les anomalies apparentes dans les orbites de certains petits corps de la Ceinture de Kuiper. Leur forte excentricité et inclinaison seraient une conséquence de leur attraction par une masse de 5 à 10 fois celle de la Terre, une de ces planètes appelées « super-Terre ».

Certes, son existence est controversée. « Ces déductions se basent sur l’observation d’un nombre limité d’objets dans la Ceinture de Kuiper », signale Alessandro Morbidelli, spécialiste de l’évolution du Système solaire. Par ailleurs, outre une planète massive, le corps perturbateur pourrait tout aussi bien être un trou noir primordial. Et puis, la quête de cette planète a déjà mené une dizaine de personnes vers une découverte erronée !

C’est bien cependant en ayant la Planète 9 en tête que Terry Long Phan et ses collègues ont mené leur recherche. L’astrophysicien a fouillé les données d’IRAS et d’AKARI dans la région du ciel où des travaux récents indiquaient la localisation probable de la Planète 9, qui tournerait en 10 000 ans autour du Soleil.

Une planète, deux planètes… zéro planète ?

« Quand IRAS détecte quelque chose et qu’AKARI ne voit rien dans la même position, puis qu’AKARI voit quelque chose à une position légèrement décalée là où l’IRAS ne voit rien, cela fait vraiment penser à un objet qui s’est déplacé dans le ciel », reconnait Alessandro Morbidelli. Bien que l’orbite de la candidate soit incomplète par manque de données, l’équipe de Terry Long Phan souligne sa singularité : elle serait perpendiculaire au plan du Système solaire.

Pourtant, l’astrophysicien américain Mike Brown est sceptique. Avec son collègue du Caltech (Californie) Konstatin Batygin, il chasse la Planète 9 depuis 2015. Les deux chercheurs s’en sont même fait une idée assez précise. Pour eux, la candidate de Terry Long Phan ne colle pas. « Une telle planète aurait des effets gravitationnels qui ne correspondent pas à ceux que nous pensons avoir vus [dans la Ceinture de Kuiper, NDLR]. Donc, si cette planète est réelle, nous nous trompons sur ce que nous pensons voir gravitationnellement et nous nous trompons donc sur l’existence de la Planète 9 », explique Mike Brown sur Bluesky. Il faudrait avoir de meilleures données pour trancher.

Ce pourrait être l’une des tâches de l’observatoire Vera Rubin, qui vient d’ouvrir son œil de 8,4 m de diamètre en avril 2025 au Chili. Chargé d’observer tout le ciel pendant dix ans, à une cadence et avec une précision et une sensibilité inédites, il sera bientôt mis à contribution pour chercher une planète au-delà de Neptune. Une, ou peut-être deux…

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