Ariane 6 en route pour la Guyane pour des essais

Les tout premiers éléments du nouveau lanceur européen viennent de prendre le chemin de Kourou pour des tests combinés qui débuteront en avril. En point de mire, le tir inaugural, attendu à partir du second semestre 2022.

Deux parties de la future fusée Ariane 6 ont pris la direction de la Guyane. Ce sont l’étage principal (Lower Liquid Propulsion Module, ou LLPM) et l’étage supérieur (Upper Liquid Propulsion Module, cryogénique). Ils ont été respectivement transférés depuis les sites des Mureaux et de Brême en Allemagne. Leur livraison par bateau est attendue mi-janvier au Centre spatial guyanais (CSG).

Des test programmés en avril 2022

Ce premier exemplaire complet du corps central de la fusée européenne, dénommé Modèle de tests combinés (CTM), doit servir aux essais qui sont planifiés en avril. Concrètement, il s’agit de tester les interfaces entre Ariane 6 et les installations au sol de l’ensemble de lancement Ariane n° 4 (ELA-4). C’est en effet la première fois que la nouvelle fusée sera érigée sur son pas de tir.

Les premiers éléments de la fusée Ariane 6 ont quitté l’Europe pour être testés au centre spatial guyanais.
Ci-dessus l’étage principal en cours de chargement. 
© ArianeGroup/PepperBox/J.Hazemann
Ces éléments resteront au sol. Leur test sert à préparer le premier décollage d’Ariane 6, prévu au début de l’été 2022.
Ci-dessus l’étage supérieur qui doit être testé en Allemagne. 
© ArianeGroup/Media GmbH/F.Koch

Rappelons que la procédure change par rapport à Ariane 5. Une fois arrivés au CSG, les éléments destinés aux tests combinés seront ainsi intégrés à l’horizontale, exactement comme cela se déroule pour le Soyouz russe, dans le nouveau Bâtiment d’assemblage lanceur (BAL). Dès que l’étage supérieur sera connecté au corps central, Ariane 6 sera ensuite érigée à la verticale et raccordée à ses accélérateurs à poudre directement sur le pas de tir, ainsi que la coiffe et la charge utile. Toutefois, comme il s’agit encore des tests combinés, les propulseurs d’appoint à carburant solide ne seront pas remplis, mais recevront une matière reproduisant la masse et l’encombrement. Il est aussi prévu de tester les opérations de remplissage et de vidange des réservoirs, ainsi que les logiciels de vol.

Ariane 6 va lancer ses premiers rugissements

Cette première Ariane 6 ne doit pas décoller, mais il est tout de même planifié de mettre à feu le moteur Vulcain 2.1 de l’étage central. Selon nos informations, ArianeGroup envisage de réaliser trois allumages statiques. En Allemagne, dans les installations du DLR à Lampoldshausen, un exemplaire de l’étage supérieur complet baptisé Hot Firing Model (HFM) sera également testé. Il est aussi prévu de tester l’Unité auxiliaire de puissance (APU). Le rôle de l’APU est de garantir le bon réallumage du moteur cryogénique Vinci en maintenant les ergols à une pression suffisante dans le réservoir. Si tous ces tests sont réussis, la première Ariane 6 devrait alors s’élever dans le ciel de la Guyane à partir de l’été prochain. « La surprise, ce sera les allumages à feu », confie néanmoins un responsable.

À l’issue des essais combinés, le premier modèle de vol (FM1) devrait logiquement être livré. Actuellement, onze Ariane 6 sont en commande. La toute première à décoller sera une Ariane 62 (avec deux propulseurs d’appoint). Pour ce tir inaugural, les « passagers » installés sous sa coiffe ont fait l’objet d’un appel à projets par l’Agence spatiale européenne (ESA). Ils comporteront plusieurs micro- et nanosatellites. L’ESA devrait dévoiler leur identité fin janvier ou début février.

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