Saturne transfigurée sous l’œil du télescope spatial James Webb

Il faut nous y habituer, le JWST porte un regard très nouveau sur l’Univers avec ses caméras infrarouges. Sans la présence des anneaux, il serait difficile de reconnaître Saturne sur ces nouveaux clichés particulièrement riches en informations et en observations inédites.

Le télescope spatial James Webb achève avec Saturne son tour du Système solaire externe.

Il a déjà été pointé sur la planète Jupiter dès sa mise en service, puis la lointaine NeptuneUranus et dernièrement Mars.

Or, la vue de la planète aux anneaux est très inhabituelle. Cela est lié au fait que l’observation a eu lieu dans l’infrarouge, mais pas dans n’importe quelle partie du spectre…

Toutes les planètes géantes gazeuses contiennent du méthane dans leur atmosphère et ce gaz absorbe fortement la lumière du Soleil à certaines longueurs d’onde. L’une de ces bandes d’absorption est même accessible aux astronomes amateurs : elle se situe dans l’infrarouge proche autour de 889 nm. Bande également exploitée par le télescope spatial Hubble.

La planche ci-dessous, composée des images d’Hubble, illustre bien comment l’aspect de la planète évolue en fonction de la longueur d’onde observée.

De l’ultraviolet pour les trois premières images (237, 343, 396 nm), au visible pour les deux suivantes (468 et 630 nm), et enfin à l’infrarouge pour les trois dernières (761, 727 et 889 nm). On voit bien que chaque longueur d’onde apporte une information très différente.

La planète Saturne vue par le télescope spatial Hubble à travers différents filtres. © Nasa/ESA/HST

Le télescope spatial James Webb va beaucoup plus loin, puisque l’on est ici à 3 260 nm.

Les anneaux reflètent aussi bien la lumière du Soleil dans l’infrarouge que dans le reste du spectre. Ils deviennent donc très lumineux par effet de contraste avec le disque de la planète qui est, lui, assombri.

L’atmosphère de Saturne méconnaissable

Cette observation est très originale : on ne retrouve plus les bandes parallèles généralement observées dans les nuages de Saturne. Le phénomène est particulièrement marqué dans l’hémisphère Nord.

Les grandes structures que l’on voit seraient dues à une couche très ténue d’aérosols situés au-dessus de toutes les autres strates nuageuses. Un phénomène similaire avait été observé sur Jupiter en utilisant le même filtre.

La planète Jupiter vue par le télescope James Webb, à 3,23 µm de longueur d’onde. © Nasa/ESA/JWST

Le limbe de la planète géante apparait plus lumineux. Il s’agirait d’un effet de fluorescence du méthane : une partie de la lumière absorbée est réémise. Les ions de trihydrogène (H3+) pourraient aussi être impliqués. Une analyse spectrale devra être menée pour le confirmer. En cela, l’aspect dans cette longueur d’onde diffère beaucoup de ce que l’on voit dans la bande du méthane à 889 nm, dans l’infrarouge proche.

À la recherche de nouveaux satellites

Lors de ces observations, le JWST a également pris des photos fortement surexposées. Le but était de découvrir d’éventuelles nouvelles lunes de Saturne.

Car oui, même après la fin de la mission Cassini en 2017, on continue à découvrir des satellites autour de Saturne. Récemment, 62 nouveaux satellites ont été débusquées à grande distance de la planète. Avec désormais 145 satellites connus, Saturne dépasse largement Jupiter dont le compteur est arrêté à 95…  pour le moment.

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