L’impact de DART sur l’astéroïde Dimorphos a éjecté 37 gros rochers dans l’espace

Le télescope spatial Hubble a photographié trente-sept rochers expulsés dans le voisinage de l’astéroïde Dimorphos, par l’impact que lui a infligé la sonde spatiale DART en septembre 2022.

Le plus gros fait 7 mètres de diamètre. Quinze d’entre eux excèdent 4 mètres, soit la taille d’un éléphant d’Afrique. Tous sont de nouveaux astéroïdes, qui naviguent dorénavant aux côtés de l’astéroïde Didymos et son compagnon Dimorphos

Le 27 septembre 2022, percuté par la mission DART de la Nasa, ce dernier a été dévié de sa trajectoire autour de Didymos. Mais il a aussi perdu beaucoup de matériau.

En plus de la queue de poussière qui le poursuit désormais, les plus récentes images du télescope spatial Hubble ont révélé 37 rochers qui s’en éloignent à 1 km/h en moyenne. Une vitesse lente, mais suffisante pour s’échapper de la faible pesanteur de Dimorphos. La masse totale de ces roches est estimée à 5000 tonnes, soit 0,1 % de la masse de leur astéroïde hôte.

Les 37 rochers détectés par Hubble encerclés. © NASA/ESA/D. Jewitt (UCLA)/A. Pagan (STScI)/C&E

Pour les dévoiler, l’équipe du planétologue David Jewitt (université UCLA) a pointé le télescope spatial américain vers Didymos le 19 décembre 2022, puis les 4 février et 10 avril 2023. C’est dans le premier cas que les conditions d’éclairage par le Soleil en ont le mieux en révélé l’entourage.

Cratère de 50 mètres

En analysant ces images conjointement à celles prises par DART dans les dernières portions de sa trajectoire kamikaze, le chercheur estime que la quantité et la taille des roches sont compatibles avec celles visibles à la surface de Dimorphos, dans un rayon de 50 mètres de diamètre autour du point d’impact.

Cela représente 2% de la surface totale de l’astéroïde (160 m de diamètre). « Ces rochers ont pu être éjectés directement du site d’impact pendant la formation du cratère, écrit-il dans une publication parue le 20 juillet 2023.

Avant-dernière photo de la surface de Dimorphos prise par DART avant son impact suicide.
Point jaune : lieu d’impact. Atabaque : nom donné au plus gros rocher. © NASA/Johns Hopkins APL

« Des secousses sismiques peuvent aussi avoir lancé des rochers déjà posés à la surface de Didymos » ajoute le chercheur. Vraisemblablement constitué d’un agglomérat poreux de roches, retenues entre elles par une faible gravité, Dimorphos pourrait s’être lui-même formé, dans le passé, à partir de matériau préalablement éjecté de la surface de Didymos, puis aggloméré derechef.

S’il fallait dans le futur, dévier un astéroïde de cette constitution friable, navigant vers la Terre, la stratégie de la collision démontrée par DART générerait un essaim d’astéroïdes plus petits – sachant que seuls les impacts d’astéroïdes de plus d’1 km de diamètre peuvent avoir des conséquences globales pour la planète.

Prévue pour arriver auprès de Dimorphos en 2026, la mission européenne HERA doit poursuivre l’étude du matériau éjecté. In situ, la sonde spatiale de l’ESA devrait révéler d’autres blocs plus petits. Avant cela, Hubble aura une dernière chance d’inspecter ces rochers : en juillet 2024, lorsque la distance entre Dimorphos et la Terre chutera à 0,6 unités astronomiques (contre 2,7 aujourd’hui). « Ce sera alors la dernière configuration favorable pour les observer [avec Hubble] avant 2040 » estime David Jewitt.

Revivre l’impact de Dart dans les conditions du direct.

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